Couleurs Sélène

"Phénix : Oiseau fabuleux, doué d'une extraordinaire longévité, qui avait le pouvoir de renaître de ses cendres après s'être consumé sur un bûcher"



Renaître de ses cendres, revivre encore et encore cette même histoire de l’Humanité. Voir les civilisations se faire et se défaire sans jamais intervenir directement, sans jamais oser. Parce que ce n’est pas le moment, parce qu’on pense qu’il y a mieux ailleurs, parce que l’on est pas en mesure de le faire. Si jusque là Sélène ne s’était jamais mêlé des affaires du Monde c’était bel et bien parce qu’elle n’y avait pas sa place : reconnue comme déesse elle était au-dessus de cela. Parce qu’elle pensait que l’herbe était plus verte ailleurs : après des années enfermée sur Terra Nova. Parce qu’on ne lui permettait pas de penser librement : Prisonnière des Externelles et d’un Club des Damnés qui vieillissait comme ses murs délabrés. Comme l’oiseau devenu son symbole elle avait brûlé sur le bûcher de sa propre vie. Pour mieux renaître ensuite, pour être celle qu’elle voulait tant être : La Reine Noire, Lord Impérial de ce nouveau Club aux ambitions bien plus grandes et pourtant bien plus accessibles. Pour mieux vivre elle avait décidé de tout recommencer et pour cela elle s’était débarrassée de tout ce qui ancrait les Damnés dans le passé : Membres comme murs. On ne peut pas se reconstruire sur des fondations pourries.

Tout était donc reparti de zéro, et Sélène se retrouvait maintenant à la tête d’un petit groupe de privilégiés qu’elle avait elle même choisi. Par leur audace, leur savoir faire, pour leurs désirs et l’être qu’ils représentaient. Tous avaient en commun cette envie de changement, de plus, dans un esprit de vengeance, dans des esprits qui voulaient se libérer des règles actuelles. Qui voulaient se glisser dans des sphères plus hautes. Mais celle qui désirait cela plus qu’aucun autre c’était elle…

Elle ? Sélène Gallio, Reine Noire, Déesse de la Lune, Lord Impériale, face à son miroir, elle replace ses cheveux sur son épaule. Observant son reflet elle pense à tout ce qu’elle a traversé pour en arriver là. Soulignant ses yeux de noirs elle revoit tout ceux qu’elle a rencontré. Ses lèvres sont maquillées de rouge, elle repense à celui qu’elle aime. Elle ferme les yeux et se laisse envelopper par cette idée. Son corps presque nu ne reflète ni les millénaires, ni les souffrances. Une gorgée de champagne franchit ces mêmes lèvres rouges vermeil. Les bulles tapissent sa gorge tandis qu’elle rejoint un paravent fait de dentelles noires. La robe qui y est accrochée ne présage rien du résultat. Noire, sobre, à la couleur de celle qui se prénomme Reine Noire. Des chaussures à talons vertigineux sont posés avec ordre sur le sol. Son regard se pose sur le reflet du lit derrière elle. Trois coups résonnent sur la porte. « Ma Reine, Les invités sont arrivés. Ils vous attendent. » La voix de la Reine, sombre et pourtant douce raisonne alors à travers la porte « Merci » Elle sait qu’elle est en retard, qu’ils doivent l’attendre, mais comme tous, elle sait que ménager son entrée, braquer les regards sur elle, ne pas se fondre dans la masse. Soutenir le Président nouvellement élu n’est qu’une première pierre à son édifice. Ce gala n’est que l’œuf du phénix. Elle écoute les sons qui l’entourent et son regard se pose sur l’homme derrière elle. Un sourire s’esquisse, se dessine quand elle croise son regard. Enfin elle se décide… Elle enfile sa robe, ses courbes se dessinent et soudain on peut comprendre  son choix. Elle replace de nouveau ses cheveux et souffle avec une certaine douceur  « Tu peux m’aider ? » Une fois fait elle se retourne vers lui et avec douceur repositionne sa cravate « Quand cette soirée sera finie… Je voudrais te parler de quelque chose, pourras tu rester un peu plus que les autres ? »

Voilà qui est maintenant dit… Une douce musique s’élève depuis la salle et monte jusqu’au hall où elle se trouve. Sa main posée sur le bras de Phil elle avance donc. Avant l’escalier principal, une coupe leur est donnée et c’est donc avec l’ancien directeur du S.H.I.E.L.D que la demoiselle fait son entrée. Elle si jeune au milieu d’hommes qui semblent parfois avoir le double du sien, et pourtant elle les surpasse. Il n’y a pas de discours mais un simple « Bienvenue à tous » tandis que le bal des serveurs reprend en silence. Tel un poisson dans un dans l’eau, Sélène est capable de dire à Phil qui est qui dans tout ce monde, l'incitant à la suivre vers le Président qu’elle veut saluer. Jamais elle ne lâche le bras de ce cavalier retrouvé et espéré. Lui adresse parfois un sourire avant de l’entraîner vers un nouvel endroit de la pièce s’arrêtant pour saluer ce qui se trouvaient là...